Comme à la sortie de la Renault Clio III R.S., chacun allait de son petit commentaire quant à la rationalisation de la voiture par rapport à la version précédente. Pas loupé : une fois de plus, à la sortie de la Clio IV R.S. beaucoup trouvaient cette déclinaison sportive bien trop sage et parfois même à l’encontre de la politique adoptée par Renault Sport en compétition, ou sur sa grande sœur la Renault Mégane.
Sans faire de procès à la Clio IV R.S., connaissant d’ailleurs le succès commercial escompté, Renault Sport a tenu compte des remarques de la clientèle afin de proposer une version Trophy pourvue de quelques améliorations notables. C’était aussi indispensable afin de répondre au Lion qui a dégainé peu de temps avant la Peugeot 208 GTi by Peugeot Sport (retrouvez notre essai de la Peugeot 208 GTi by Peugeot Sport ici même), une version bien plus radicale de la 208 GTi classique qui a, tout comme la Clio IV R.S. 200, souffert de son manque de radicalité.
Renault Sport a revu sa copie et propose désormais sur cette version Trophy une boîte à double embrayage EDC, 20 chevaux supplémentaires, un châssis rabaissé et diverses améliorations techniques afin de redorer la réputation de la gamme Clio R.S.
Essai Renault Clio R.S. Trophy : premières impressions
Inutile de s’attarder trop longtemps sur l’esthétique de cette version Trophy, adoptant les codes de la Renault Mégane R.S. Trophy. Ainsi, la Clio reçoit une nouvelle lame avant, des jantes de 18 pouces et quelques appendices « Trophy » sur les seuils de portes, le bouclier avant et le jonc décoratif des portières.
La version trois portes de la Clio ayant disparue, Renault Sport n’a malheureusement pas pu galber les hanches de cette version comme il l’avait fait sur la phase III. Très réussie, une nouvelle teinte Givre Nacré vernis mat fait son apparition, celle-ci est disponible uniquement sur les déclinaisons sportives.
Essai Renault Clio R.S. Trophy : vie à bord
Si à l’extérieur les changements sont minimalistes, à l’intérieur c’est du même acabit notamment au niveau de la console centrale, même si certains éléments satinés et chromés viennent agrémenter un ensemble décevant, à l’image des versions conventionnelles de la Clio IV cela dit. L’assemblage est approximatif, les matériaux de qualité discutables mais peu importe à vrai dire : nous ne sommes pas là pour rejuger un intérieur mais les qualités sportives de la voiture.
Renault Sport a tout de même modifié la vie à bord en installant des sièges avant redessinés, intégrant directement les appuie-têtes et offrant un maintien plus que correct pour la catégorie. Renault Sport oblige, le R.S. Monitor est de rigueur (bien que facturé 250 €) permettant d’avoir en direct diverses informations relatives à la conduite, aux performances, à l’utilisation et au rendement de la voiture. Petit plus, on y retrouve également quelques sons factices émanant des haut-parleurs : ils retranscrivent le moteur d’anciennes gloires du losange comme celui de la Renault Clio V6 par exemple.
Essai Renault Clio R.S. Trophy : sous le capot
C’est un bloc désormais bien connu qui est mis à jour : utilisé et modifié notamment par Nismo pour le Nissan Juke Nismo RS, la Clio IV R.S. Trophy profite d’un turbocompresseur plus gros. Cependant, la cartographie moteur est bien propre à la voiture avec 220 chevaux disponibles au régime de 6.050 tr/min (régime maximal reculé à 6.700 tr/min), et le couple gagne 20 Nm passant de 240 Nm à 260 Nm. Le couple passe même à 280 Nm par overboost sur les quatrième et cinquième rapports.
Ainsi, le 0 à 100 km/h est abattu en 6,6 secondes et le 1000 mètres départ-arrêté en 26,4 secondes, des performances honorables pour la catégorie sans être transcendantes. Pour la petite anecdote, ces performances sont comparables à celles de la Renault Mégane RS de deuxième génération.
La boîte EDC (montée d’office) a, elle aussi, subi quelques améliorations avec des temps de passage raccourcis, mais surtout une diminution du temps de latence entre l’impulsion sur la palette et le changement effectif du rapport. Une bonne chose même si on aurait aimé une boîte mécanique pour toucher une plus large clientèle souvent avide de ce genre de transmission sur ce type de véhicule, et surtout afin de réduire la facture globale.
Essai Renault Clio R.S. Trophy : sur la route
Le changement principal s’opère donc au niveau du châssis, rabaissé de 22 mm à l’avant et 10 mm à l’arrière, combiné à des suspensions raffermies à 40%. La direction aussi a subi quelques modifications en adoptant une nouvelle crémaillère à démultiplication réduite de 10% afin d’accentuer la précision de cette dernière.
Forcément, je me devais d’essayer le train avant de cette version Trophy afin de vérifier si Renault Sport avait remédié à ce problème qui hante toujours la Clio IV R.S. 200. Pourtant, sur la fiche, rien ne laisse présager que les modifications apportées soient suffisantes pour remédier à ce problème puisque la présence d’un différentiel à glissement limité et de train avant à pivot découplé n’est toujours pas de mise. Pour le différentiel Torsen absent, la boîte EDC ne permet pas d’accueillir ce système, nous allons donc nous contenter d’un simple autobloquant RS Diff qui devrait cependant faire l’affaire.
Finalement j’ai noté quelques améliorations au niveau du train avant -sans être aussi accrocheur que celui de la Renault Mégane R.S.- mais moins sujet au sous-virage que la précédente version. L’arrière est quelque peu mobile notamment lors d’une remise des gaz un peu trop ambitieuse en sortie d’épingle, globalement le comportement est convenable, d’autant que la voiture est montée sur des pneumatiques Michelin Super Sport. Le freinage est toujours aussi endurant, nous avons noté une course de la pédale légèrement raccourcie. Malgré des suspensions raffermies, la voiture a encore tendance à s’affaisser dans les virages en raison de mouvements de caisse encore trop présents.
La loi d’amortissement ayant été revue, la Clio R.S. Trophy est plus ferme que sa devancière et l’assise des sièges n’est pas là pour arranger les choses. Personnellement j’apprécie, mais pour une utilisation quotidienne je ne suis pas certain que cela soit du goût des plus exigeants.
Afin de répondre aux attentes de la clientèle qui utilisera davantage la voiture sur route que sur piste, le moteur offre une large plage d’utilisation. Un très bon point, surtout quand Renault Sport propose différents modes de gestion. Le mode Normal permet une utilisation conventionnelle tandis que le mode Sport gère différemment la boîte et ordonnera à l’EDC de passer les rapports très haut dans les tours, parfois proches du rupteur. Quant au mode Race, il n’est pas à utiliser sur route : enclenché, il permet de déconnecter intégralement l’ESP et d’annihiler toute intervention de l’autobloquant.
Essai Renault Clio R.S. Trophy : en bref
Globalement la nouvelle Renault Clio R.S. Trophy est meilleure que la Clio R.S. classique. Le train avant est plus accrocheur, les performances sensiblement meilleures et le comportement un peu plus sportif. Cependant, la dénomination Trophy n’a pas vraiment lieu d’être sur cette Clio, puisqu’à vrai dire il aurait fallu que cette version soit proposée dès le modèle R.S. tout simplement. Une Mégane R.S. Trophy (retrouvez ici notre essai de la Renault Mégane R.S. Trophy) par exemple change radicalement par rapport à une simple Mégane R.S. Ici ce n’est malheureusement pas le cas, même si ces petits changements devraient pérenniser tout de même les bonnes ventes de la voiture.
Mon seul regret est de ne pas avoir proposé déclinaison mécanique à cette version Trophy : la boîte à double embrayage s’accorde plutôt bien à la voiture mais les puristes préfèreront sûrement jouer du levier de vitesses plutôt que des palettes. Cela permettrait également d’alléger quelque peu la facture des 28.900 € qui vous sera réclamée, une somme en adéquation avec les tarifs proposées par les modèles concurrents.
Essai Renault Clio R.S. Trophy : Fiche Technique
- Moteur : transversal avant, quatre-cylindres en ligne, 16 soupapes, 1.618 cm3
- Alimentation : injection directe + turbocompresseur
- Puissance : 220 ch DIN ( kW) à 6.050 tr/min
- Ratio : 136 ch/L (100 kW/L) – 161 Nm/L
- Puissance fiscale : 11 CV
- Couple moteur : 260 Nm de 2.000 à 5.700 tr/min (280 avec overboost en 4 et 5ème de 2.500 à 3.750 tr/min)
- 0 à 100 km/h : 6,6 secondes
- 0 à 200 km/h : 27,5 secondes
- Vitesse maxi : 235 km/h
- KM départ-arrêté : 26,4 secondes
- Transmission : avant + autobloquant électronique (RS Diff)
- Boîte de vitesses : EDC – séquentielle à double embrayage
- Pneus : 205/40 R18 (Michelin Pilot Super Sport)
- Freins : Étriers flottants mono piston, disques ventilés à l’avant (320mm), disques pleins à l’arrière (260mm) + ESP déconnectable
- Suspensions avant : Pseudo MacPherson avec butées hydrauliques de compression
- Suspensions arrière : Essieu déformable
- Longueur : 4.090 mm
- Largeur : 1.732 mm
- Hauteur : 1.420 mm
- Empattement : 2.589 mm
- Diamètre de braquage : 10,9 mètres
- Volume de coffre : 300 litres – 1146 litres
- Poids à vide : 1.204 kg
- Rapport Poids/Puissance : 6.2 kg/ch – 161 ch/T – 119 kW/T
- Rapport Couple/Poids : 191 Nm/T
- Consommation Urbaine : 7.6 l/100km
- Consommation Extra-Urbaine : 5.1 l/100km
- Consommation Mixte : 5.9 l/100km
- Capacité Réservoir : 45 litres
- Emissions de CO2 : 135 g/km (Malus : +150 €)
- Année de lancement : 2015
- Prix de base : 28.900
- Prix du modèle essayé : 31.200 €
Équipements du modèle essayé :
- Aide au parking arrière avec caméra de recul (450 €)
- Peinture Nacré : Givre Mat (1.600 €)
- R.S Monitor (250 €)
Photos : essai de la Renault Clio R.S. Trophy
Remerciements chaleureux à toutes les équipes de Renault Sport, pour leur confiance et l’invitation aux essais de la Renault Clio R.S. Trophy !