Essai de la Renault Mégane R.S. 275 Trophy : l’adieu

Pourquoi un titre si sordide pour une voiture si réjouissante ? Tout simplement parce que cette version Trophy signe la fin de l’épopée des Renault Mégane R.S. de deuxième génération. Après la R.S. 250, la R.S. 265, la RB8, et cette 275 Trophy qui s’est vue par la suite dépouillée afin d’en extraire toute sa fougue et faire naître la Trophy R, ce sont cinq déclinaisons qui se sont succédées, à la fois si singulières mais toujours liées par le même but : battre des records.

Sur la piste du Nürburgring, là où s’octroyer un record peut-être un formidable fer de lance commercial, la Renault Mégane R.S. n’a jamais vraiment été inquiétée en quatre années de carrière. Alors certes, dans sa catégorie (celle des véhicules à traction) il n’y a pas foule, mais il fallait tout de même rester sur le qui-vive. Alors quand la SEAT Leon Cupra rafle le record de la Mégane R.S. en 2014, les sorciers de Renault Sport, piqués au vif, s’empressent de dégainer une nouvelle arme de guerre : la Renault Mégane R.S. 275 Trophy. Résultat ? Un chrono de 7’54"36, 14 secondes de moins que la Mégane R.S. de 2011 et 4 secondes de moins que la compacte ibérique.

Essai Renault Mégane R.S. 275 Trophy : premières impressions

Dans sa livrée Jaune Sirius, si singulière à Renault Sport, la Mégane R.S. a su évoluer avec son temps. Après son restylage et l’incorporation de l’énorme Losange au centre de la face avant si personnel au coup de crayon de Laurens van den Acker, directeur du style chez Renault, son galbe a été conservé et quelques éléments singuliers à cette version Trophy ont été ajoutés.

La lame avant grise notamment reçoit un sticker Trophy, tout comme la partie arrière qui est ornée de deux bandes grises. Ses ailes élargies, ses jupes latérales sculptées et sa silhouette bodybuildée n’ont pas bougé d’un poil, tandis qu’à son extrémité, là où les anciennes versions recevaient une canule d’échappement chromée, celle-ci reçoit une sortie carbone spécifique Akrapovič qui a usé de tout son savoir-faire pour retravailler l’échappement complet de la Mégane R.S.

Essai Renault Mégane R.S. 275 Trophy : vie à bord

A contrario d’un style extérieur toujours dans l’air du temps, l’intérieur a vieilli. Déjà qu’à sa sortie beaucoup décriaient le manque de soin apporté aux finitions, aujourd’hui cela se remarque d’autant plus que la concurrence a évolué. Mais concrètement, et uniquement à titre personnel, je m’en contrefiche. Peu importe si les plastiques sont durs, peu importe s’ils ne sont pas Top Qualität, peu importe si les commandes d’utilisation sont archaïques, l’essentiel réside tout simplement sous le capot d’autant plus que les sièges Recaro offrent un excellent maintien sans détériorer le confort (dont nous avons été agréablement surpris), le levier de vitesses tombe sous la main, le pédalier en aluminium est parfait et le volant, bien qu’un peu imposant se manie avec facilité.

Alors certes l’intérieur n’est pas à l’image de l’excellence des lignes et du moteur de la voiture mais il n’est toutefois pas à jeter complètement. Cela reste correct puisque Renault y intègre son excellent système R-Link dans l’écran tactile situé… beaucoup trop loin du poste de pilotage.

Pour cette version R.S. Renault a fait néanmoins quelques modifications, en intégrant un bandeau sur la planche de bord imitation carbone siglé Renault Sport, un volant à la jante recouverte d’Alcantara pour un meilleur maintien, et une nouvelle fonction intégré au R-Link : le R.S. Monitor 2.0.

Un équipement très intéressant puisqu’il permet d’avoir en temps réel la température d’huile, de l’échappement et de l’embrayage, la pression du turbo, le nombre de g encaissés en virage ou a l’accélération. De plus il permettra, lors de vos sorties sur circuit, d’enregistrer votre parcours, vos temps de passage, votre 0 à 100 km/h ou encore votre 0 à 400 mètres, le tout enregistré sur une clé USB prévue à cet effet, ou bien sur une carte SD afin d’analyser vos performances sur ordinateur.

Essai Renault Mégane R.S. 275 Trophy : sur la route

Sportive française la plus puissante, la Renault Mégane R.S. avait pourtant perdu son titre en 2013 après la sortie de la Peugeot RCZ R qui lui raflait ce titre symbolique.
De base en mode normal, la version Trophy développe comme toutes les autres 250 chevaux, tout l’intérêt étant d’enclencher le mode R.S. afin de modifier la cartographie moteur, de raffermir la direction et d’améliorer la sensibilité de la pédale d’accélération.

Pour doper de 10 chevaux la puissance de cette version Trophy, Renault Sport a augmenté le couple à haut régime, ce qui engendre un caractère vraiment plus rageur grâce notamment à un régime maxi poussé à 6.800 tr/min sur les deux premiers rapports. Il est donc plus facile désormais d’aller jouer avec la zone rouge sans que le moteur 2.0 litres faiblisse. Pour cela le pilotage du décaleur d’arbre à cames et l’avance de l’allumage du moteur ont été modifiés tout comme le volant moteur et la garniture d’embrayage renforcé.

Grâce à cette plage d’utilisation importante et cette immense allonge du moteur, la Renault Mégane R.S. Trophy peut être utilisée en ville sans trop de difficultés bien qu’il faille s’habituer au dosage de la pédale d’accélération et au point de patinage qu’il faut aller chercher assez haut.

Autre nouveauté, et non des moindres, la ligne Akrapovič en titane avec clapets actifs qui s’ouvrent et se ferment automatiquement en mode sport. Outre le son jouissif que procure cet échappement, il permet également de gagner quatre kilogrammes sur la balance. Sa sonorité s’exprime pleinement au delà de 4.000 tr/min pour ensuite prendre véritablement vie à 5.000 tr/min où les retours de flammes grondent dans l’habitacle.

D’office livrée avec le châssis Cup qui comprend notamment le différentiel à glissement limité et des pneus Bridgestone, notre version d’essai est gratifiée de pneumatiques spécifiques semi-slick Michelin Super Sport Cup 2 beaucoup plus accrocheurs. Avec cette monte, le train avant s’avère excellent, la remontée d’informations est juste parfaite et le châssis pourrait sans aucun problème encaisser bien plus que les 275 chevaux prescrits.

Après avoir également essayé la SEAT Leon Cupra trois portes, nous notons beaucoup de nombreuses similitudes entre les deux modèles bien que le train avant de la Mégane soit plus incisif. La SEAT quant à elle s’avère davantage joueuse malgré un comportement sérieux que nous avions noté avant d’avoir essayé la Trophy. La direction précise filtre parfaitement toutes remontées de couple disgracieuses, le tout combiné à un train arrière quasiment indéboulonnable même ESP déconnecté à 100 %.

Après avoir collaboré avec Michelin et les Slovènes d’Akrapovič, Renault Sport s’est octroyé un troisième partenariat et non des moindres : les suédois de chez Ölhins.
Les spécialistes en amortisseurs et suspensions ayant déjà travaillé avec Renault en rallye fournissent à cette version Trophy des éléments Road & Track pouvant être très facilement réglables avant comme après quelques tours de piste. Capables d’être fermes en conduite dynamique, une fois réglés en mode route, le confort est en hausse et la prise de roulis toujours maitrisée. Une option indispensable mais tout de même onéreuse, puisqu’il faudra compter 2.500 € de plus pour s’offrir cette technologie, en plus des 2.000 € déjà ajoutés pour les pneumatiques semi-slick Michelin.

Essai Renault Mégane R.S. 275 Trophy : en bref

Détrônée à quelques reprises, la Renault Mégane R.S. n’aura finalement pas eu la carrière si mouvementée qu’on lui prédisait à sa sortie. Les ingénieurs de Renault Sport ont toujours su réagir face à la concurrence, aussi féroce soit-elle. Quand SEAT lance la Leon Cupra qui descend sous les 8 minutes au Nürburgring, il n’aura pas fallu attendre longtemps avant de voir la Mégane R.S. reprendre ses droits sur le circuit allemand.

Le programme #UNDER8, lancé en juin 2014 et visant à détrôner SEAT, aura finalement été un succès puisque la Mégane R.S. Trophy dans sa version la plus extrême met plus de quatre secondes au tour à la compacte ibérique, pourtant équipée du bloc 2.0 litres TSI de 280 chevaux.

Plus extrême, doté d’un train avant plus précis et d’équipements dédiés à la course automobile, la Renault Mégane R.S. mérite certainement un peu plus qu’un titre de sportive, celle-ci s’avère être une véritable voiture de course, dévoreuse d’asphalte qui enchaine les virages les uns après les autres sans la moindre difficulté, comme si tout semblait si facile, une facilité presque déconcertante, à en faire pâlir la concurrence.

Essai Renault Mégane R.S. 275 Trophy : Fiche Technique

• Année de lancement : 2014 (série limitée)
• Prix de base : 38.300 €
• Prix du modèle essayé : 42.800 €

Equipements du modèle essayé :

• Pneumatiques semi-slick Michelin Pilot Sport Cup 2
• Amortisseurs Öhlins Road & Track

Photos : essai de la Renault Mégane R.S. 275 Trophy

Remerciements chaleureux à toutes les équipes de Renault France, pour leur confiance et le prêt de la Renault Mégane R.S. 275 Trophy !