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Essai Maserati GranTurismo Folgore : fait-elle parler la foudre à défaut de faire parler la poudre ?

Photo essai Maserati GranTurismo Folgore électrique (2024)

Une Maserati 100 % électrique ? Qu’est-ce donc que cette diablerie ? C’est pourtant bien le virage pris par le constructeur au Trident ces dernières années, et la nouvelle Gran Turismo laisse désormais le choix à ses clients : du thermique avec un V6 bi-turbo, ou bien de l’électrique avec une puissance démesurée. French Driver a pu prendre le volant de la version 100 % électrique baptisée « Folgore ».

Si vous demandez à un passionné quelle est la plus belle sonorité de la production automobile de ces dernières années, il y a une chance sur deux pour qu’il évoque un modèle de chez Maserati, et plus précisément l’ancienne Maserati GranTurismo produite de 2007 à 2019 à quasiment 30 000 exemplaires (+ environ 11 000 GranCabrio).

Son V8, allant de 4,2 à 4,7 litres selon les versions, développait entre 405 et 480 ch, des puissances respectables, mais devenues presque la norme à l’époque de la voiture à batterie. Mais au-delà de la puissance, c’est bien par sa sonorité que ce huit cylindres, complètement dénué de suralimentation, impressionnait nos tympans, un V8 conçu notamment par les ingénieurs de la ville voisine de Modène, fief de Maserati, une petite bourgade nommée Maranello où sont fabriquées de belles voitures rouges.

Sauf qu’en 2024, normes environnementales obligent, même les marques les plus prestigieuses doivent abaisser leurs émissions. Maserati n’y échappe pas. Preuve en est, le V8 n’est plus, remplacé par le nouveau moteur V6 3,0 litres Nettuno inauguré sur la MC20, mais aussi par de surpuissantes motorisations 100 % électriques.

Nous avons pu prendre en main, pour la première fois, une Maserati électrique. Le grand frisson sera-t-il au rendez-vous avec cette nouvelle Maserati GranTurismo Folgore ?

Essai Maserati GranTurismo Folgore : premières impressions

Photo essai Maserati GranTurismo Folgore électrique (2024)

Chez Maserati, en électrique comme en thermique, les deux voitures partagent quasiment tous leurs éléments de carrosserie. La GranTurismo électrique s’inscrit dans la lignée du modèle, avec des lignes absolument magnifiques et une élégance naturelle. Les proportions rendent l’auto absolument superbe, avec un long capot enveloppé de deux ailes légèrement bombées qui font leur petit effet quand on est au volant.

L’ancienne GranTurismo n’était déjà pas un petit coupé avec 4,88 mètres de long, cette nouvelle mouture l’est encore moins avec quasiment 5 mètres et 1,94 mètre de large. Des dimensions intimidantes quand on est à son volant, d’autant plus que, comme beaucoup de voitures électriques, on n’a clairement pas l’impression d’être à bord d’un long paquebot de 2,3 tonnes, soit environ 500 kg de plus que l’ancien modèle V8, qui n’était déjà pas une ballerine à la base.

Peinture gris mate, jantes de 20 pouces à l’avant et 21 à l’arrière, logo en bronze mate, calandre pleine pour d’évidentes raisons aérodynamiques (le Cx passe de 0,28 sur la GranTursimo thermique à 0,26 sur l’électrique), notre version d’essai fait bien évidemment tourner quelques têtes, et c’est sans doute également le cas avec l’une des 31 autres teintes exclusives disponibles, dont les prix peuvent grimper jusqu’à… 32 400 euros.

Essai Maserati GranTurismo Folgore : vie à bord

Photo essai Maserati GranTurismo Folgore électrique (2024)

Maserati faisant partie de la galaxie Stellantis, et Stellantis étant connu pour tirer les coûts vers le bas, on s’attendait à quelques économies de bouts de chandelles. La voiture a cependant échappé à cette politique en ayant été pensée et réfléchie en amont de la fusion entre PSA et FCA en 2021.

De ce fait, nous pénétrons à bord d’un habitacle haut de gamme, sans pour autant atteindre le niveau de prestige d’une Bentley ou d’une Rolls-Royce. Porsche fait mieux en termes de qualité des matériaux et de finitions, mais Maserati se défend avec une qualité perçue digne de l’univers haut de gamme. Le choix d’habillage et de coloris est tentaculaire et spectaculaire. Les boutons en plastique de passage de rapport apparaissent peut-être comme la seule faute de goût dans l’habitacle.

Trois écrans ornent la planche de bord, de quoi donner le tournis quand on cherche une fonction, souvent cachée dans une multitude de menus et de sous-menus. L’ergonomie du système d’infodivertissement n’est pas la meilleure du marché, mais la navigation est fluide et les graphismes de bonne qualité. Nous retrouvons, au-dessus, la fameuse montre Maserati. Dénuée de son boîtier doré, elle intègre désormais un écran configurable.

Les places arrière de la Maserati GranTurismo Folgore ne sont pas symboliques comme peuvent l’être celles d’une Porsche 911, mais elles ne permettent pas d’accueillir confortablement deux adultes. Quant au coffre, celui de la version électrique concède 40 litres par rapport à celui du modèle thermique, et pointe à 270 litres. Vraiment trop juste pour un coupé grand tourisme de 4,96 mètres.

Essai Maserati GranTurismo Folgore : sous le capot

Photo essai Maserati GranTurismo Folgore électrique (2024)

Sous la robe de cette belle italienne, nous retrouvons pas mal de choses, à commencer par pas moins de trois moteurs électriques (deux à l’arrière, un à l’avant) pilotés indépendamment par une unité centrale (le VDCM, pour Vehicle Domain Control Module, une innovation Maserati), développant une puissance théorique totale de 1 200 ch. Très bien, mais la puissance réelle dans tout ça ?

Elle est un peu moins impressionnante, mais il y a quand même pas moins de 761 ch et 1 350 Nm de couple sous le pied droit, de quoi tout de même expédier le 0 à 100 km/h en 2,7 secondes et atteindre 325 km/h en vitesse de pointe. Le point limitant de ce VDCM ? La batterie, dont la capacité de décharge est « limitée » à cette puissance. Le plein potentiel du système pourrait alors être exploité en implantant une batterie plus performante, chose que les ingénieurs de la marque n’ont pas exclu à l’avenir.

Toutefois, Maserati fait aussi bien que Porsche avec sa Taycan puisque la voiture peut envoyer des puissances allant jusqu’à 400 ch par moteur, tandis que la régénération maximale pousse jusqu’à 400 kW. C’est simple, il n’y a pas mieux que cette GranTurismo (et que la Taycan, donc) actuellement à ce niveau.

La batterie justement, parlons-en. Celle-ci est de type NMC et possède une capacité de 92,5 kWh, dont 83 kWh réellement utilisables. Bonne nouvelle, elle adopte une architecture 800 volts via ses cellules LG Chem (les mêmes que la Taycan…). Maserati annonce une puissance de charge maximale DC de 270 kW, de quoi de regagner 100 km en 5 minutes ou passer de 20 à 80 % en 18 minutes. La mesure WLTP promet 435 km d’autonomie sur le papier.

Essai Maserati GranTurismo Folgore : sur la route

Photo essai Maserati GranTurismo Folgore électrique (2024)

Premier tour de roues, et « notre » Maserati Granturismo se montre particulièrement agile pour un beau bébé de plus de deux tonnes. La position de conduite est la même que celle des versions thermiques, malgré la présence des batteries sous le plancher. La raison est simple : les ingénieurs ont eu pour consigne de ne pas toucher à la plateforme de la GranTurismo. Ils se sont ainsi certainement arrachés les chevaux pour implanter la batterie en forme de T le long de la console centrale (là où la boîte de vitesses et la transmission prenaient place) et à l’endroit laissé vacant par le réservoir d’essence.

Mais force est de constater que cela bénéficie à l’agilité puisque l’équilibre des masses est quasiment parfait, tandis que la position de conduite est excellente.
Les accélérations sont « balistiques », et aussi impressionnantes qu’une Porsche Taycan Turbo S ou qu’une Tesla Model S Plaid. Elle expédie le 0 à 100 km/h 0,8 seconde plus vite qu’une GranTurismo Trofeo de 550 ch.

La puissance est à la limite de la démesure, l’auto est impressionnante sur ses mises en vitesse et en relance. Elle est, fort heureusement, bien gérée par un excellent châssis et une répartition des masses quasiment parfaite. La répartition différenciée du couple sur les roues arrière permet de faire tourner l’auto avec plus d’efficacité et les passages en courbe sont aussi rapides qu’impressionnants. En plus d’être redoutablement efficace, elle donne cette impression de sécurité qui pourrait aller contrarier les lois de la physique en y mettant un peu trop d’entrain.

GT oblige, l’amortissement est une bonne synthèse entre confort et dynamisme, même en mode « Corsa » qui limite les aides à la conduite, raffermit les commandes et la suspension, et renforce le bruit simulé. Bruit simulé qui, à nos yeux, est raté. Pas aussi entêtant et fatiguant que le bruit d’une Taycan, celui de la GranTurismo Folgore n’a pas voulu singer celui d’une voiture thermique, ce qui est louable, mais la sonorité n’apporte rien aux sensations de conduite.

Des sensations d’ailleurs globalement très lisses avec aucun caractère moteur du fait que ce soit une voiture électrique. Le grand frisson commence quand les vitesses deviennent inavouables, dans un silence qui peut laisser place à quelques crissements de pneu sur une mise en appui un peu costaude.

Car il est là le principal défaut de cette GranTurismo. Devenue manège à sensations fortes plutôt que distillieuse d’émotions, la voiture aurait mérité ne serait-ce qu’une sonorité plus sympa pour au moins faire écho à l’illustre V8 du passé. Quant au caractère moteur, les ingénieurs n’y peuvent pas grand-chose. C’est lisse, certes performant, mais lisse.

En ce qui concerne l’autonomie, sur 400 km d’essai, nous avons relevé une consommation d’environ 23 kWh/100 km (plus de 50 kWh en conduite sportive, et 19 kWh à allure raisonnable en usage mixte), de quoi envisager environ 350 km avec une charge, et sans doute un peu plus en faisant plus attention. Mais ce n’est pas franchement la définition même de cette voiture.

Essai Maserati GranTurismo Folgore : en bref

Photo essai Maserati GranTurismo Folgore électrique (2024)

La Maserati GranTurismo Folgore est sans doute l’une, si ce n’est, à nos yeux, la plus belle voiture électrique actuellement proposée sur le marché. Elle surpasse largement certaines supercars électriques dont l’aéro a été poussé à l’extrême, et renvoie dans les cordes les constructeurs qui tentent, autant que faire se peu, de rendre dynamiques des parpaings roulants de plus de 2,5 tonnes.

La GranTurismo est une vraie voiture de luxe et elle fait honneur à son illustre blason, même si l’absence d’émotion vous fera regretter le V8. Il reste toujours le V6, disponible en déclinaisons de 490 ch en version Modena, et 550 ch en Trofeo, et dont les prix sont semblables à notre modèle Folgore.

Comptez 199 950 euros pour la version électrique, et beaucoup plus avec quelques options et éléments de personnalisation indispensables. La GranTurismo Modena commence à 181 400 euros, et 225 660 pour la Trofeo. Outre les options à ajouter, il faudra aussi composer avec le malus de 60 000 euros en vigueur en France en 2024. Indigeste. La version cabriolet est elle aussi disponible en version Folgore 100 % électrique. Comptez 208 850 euros minimum.

Essai Maserati GranTurismo Folgore : Fiche Technique

Photo essai Maserati GranTurismo Folgore électrique (2024)

  • Moteur : 3 moteurs électriques synchrones à aimants permanents
  • Puissance : 761 ch DIN (560 kW)
  • Couple maxi : 1 350 Nm
  • 0 à 100 km/h : 2,7 secondes
  • Vitesse maxi : 325 km/h
  • Transmission : Intégrale
  • Pneus : 265/30 R20 (AV) – 295/30 R21(AR)
  • Freins : 4 freins à disque
  • Suspension avant : Suspension à double triangulation avec axe de direction « semi-virtuel » et ressorts pneumatiques avec contrôle électronique de l’amortissement
  • Suspension arrière : Suspension multibras et ressorts pneumatiques avec contrôle électronique de l’amortissement
  • Longueur : 4 960 mm
  • Largeur : 1 960 mm
  • Hauteur : 1 350 mm
  • Empattement : 2 930 mm
  • Diamètre de braquage : 12,4 mètres
  • Volume du coffre : de 270 litres
  • Poids à vide : 2 260 kg
  • Consommation Mixte : 23 kWh/100 km
  • Capacité batterie : 92,5 kWh (83 kWh utiles)
  • Autonomie mixte WLTP : 435 km
  • Recharge DC 20 à 80 % : 18 minutes
  • Puissance recharge maximale DC : 270 kW
  • Emissions de CO2 : 0 g/km (pas de bonus)
  • Année de lancement : 2024
  • Prix de base : 199 950 €
  • Prix du modèle essayé : 219 666 €

Photos : essai Maserati GranTurismo Folgore (2024)

Photos : Marius Hanin pour French Driver

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Yann Lethuillier

Mange du pneu, boit de l'essence et dort sur l’asphalte.

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