Parmi les compactes premium sportives, l’Audi S3 occupe une place de choix, et elle profite du restylage de la quatrième génération pour s’offrir un peu plus qu’une cure de jouvence. French Driver a pu en prendre le volant.
Y a-t-il vraiment encore vraiment besoin de présenter l’Audi S3 ? La petite sportive allemande âgée d’à peine 25 ans en est déjà à sa quatrième mouture, et il semblerait bien que nous ayons entre les mains la meilleure d’entre elles.
Pourquoi ? Nous allons le voir un peu plus bas, mais sur le papier, ça tient à « peu de choses », puisque l’essentiel des nouveautés techniques s’articulent autour de la transmission.
Pour le reste, outre une poignée de chevaux supplémentaires, Audi n’a pas changé de recette pour son S3, avec un savant mélange entre confort et dynamisme, saupoudré d’une petite pincée de sel avec un nouvel échappement en titane.
Essai Audi S3 Sportback restylée : premières impressions
Esthétiquement, par rapport à la première phase plutôt très réussie, Audi a fait évoluer l’ensemble avec parcimonie. On remarque principalement la nouvelle calandre Singleframe, plus plate et élargie. Les plus observateurs auront peut-être remarqué une nouvelle structure, un logo plus « plat » et l’absence de badge « S3 ». Dommage pour ce dernier point. Notons aussi l’arrivée d’un nouveau bouclier avant avec des écopes latérales revues.
Pour ce qui est de la partie arrière, les changements sont minimes, avec simplement un diffuseur légèrement remodelé. On reconnaît toujours la S3 via ses quatre canules d’échappement, mais qui se pare cette fois-ci d’un silencieux en titane de chez Akrapovic, comme la Volkswagen Golf R 20 years avant elle. C’est bien le minimum pour un quatre cylindres TFSI devenu quasiment aphone en raison des normes environnementales.
Chez Audi, la signature lumineuse est un argument marketing majeur, et la nouvelle S3 reçoit à l’avant des optiques à 24 pixels avec de fins feux de jour placés sur la partie supérieure du bloc. Via l’interface MMI, il est possible de choisir entre quatre signatures afin de changer le regard de l’auto, comme la RS 3 avant elle. Il en va de même pour les feux arrière, modifiant les animations lors du verrouillage/déverrouillage.
Trois coloris viennent enrichir le nuancier, à savoir le très beau vert District, le bleu Ascari et le rouge Progressive, tandis que le gris Daytona est maintenant proposée en finition mate. Pour la couleur jaune de notre version d’essai, ne cherchez pas, celle-ci n’est pas disponible en France.
Essai Audi S3 Sportback restylée : vie à bord
Si les changements sont discrets à l’extérieur, ça l’est encore plus à bord. C’est chic et sportif, toujours bien assemblé, même si la qualité des matériaux est devenue inégale chez Audi depuis quelques années sur les A1, A3, Q2 et Q3. La S3 ne déroge pas à la règle, avec des matériaux de qualité sur les parties supérieures et bien visibles, mais un peu moins sur les parties basses. À l’arrière également, fini le plastique moussé sur les contre-portes, place à du plastique dur. Dommage.
L’ensemble est assez austère, mais un peu moins que sur la phase 1 grâce à un habillage lumineux autour de la console centrale, des porte-gobelets et des contre-portes avant. Notre version d’essai se pare de quelques éléments en Alcantara, très agréable au toucher permettant de rehausser le côté sportif de l’auto, tout comme le volant gainé de cuir surpiqué. En revanche, une commande à basculeur de la boîte de vitesses a remplacé le mini-levier présent jusqu’ici et c’est bien dommage.
Au chapitre des technologies embarquées, Audi fait du Audi avec un ensemble très complet et plutôt bien fait. Nul besoin de Google Automotive pour rendre l’expérience sympa chez le constructeur aux anneaux, l’interface est claire et lisible, la navigation est fluide et les graphismes de qualité. Apple CarPlay et Android Auto sont évidemment de la partie. L’ensemble repose toujours sur le bloc compteur Audi Virtual Cockpit de 10,25 pouces (12,3 pouces en option), tout comme l’écran central de 10,1 pouces.
Bonne nouvelle, à l’heure du tout tactile, Audi a la bonne idée de conserver des commandes physiques, comme pour la sélection des modes de conduite, le raccourci pour désactiver le Start&Stop ou encore les commandes de ventilation. Côté ergonomie, c’est un quasi sans faute.
Essai Audi S3 Sportback restylée : sous le capot
Avant toute chose, commençons par le moteur. Nous le connaissons déjà bien, puisqu’il s’agit du fameux quatre cylindres 2,0 litres TFSI du groupe Volkswagen, le même qui équipe les Cupra Leon, Cupra Formentor, Volkswagen Golf GTI et Golf R, et bien d’autres modèles. Ce dernier est toujours associé une boîte robotisée S tronic à sept rapports et à une transmission intégrale quattro.
Globalement, avec ce moteur, les ingénieurs sont arrivés quasiment au bout de ce qu’il pouvait faire. Pourtant, par rapport à la première mouture, le moteur gagne 23 ch et 20 Nm de couple, passant de 310 à 333 ch, comme la Golf R 20 years, et de 400 à 420 Nm. Qu’ils semblent loin les 210 ch de la première S3 de 1999 ! Sur le papier, la voiture passe le 0 à 100 km/h en 4,7 secondes contre 4,8 pour la phase 1, tandis que la vitesse maximale est toujours limitée électroniquement à 250 km/h.
Il n’y a pas eu que le moteur qui a eu le droit à une petite cure de jouvence, puisque la transmission S tronic 7 à double embrayage a été améliorée afin notamment de réduire le temps de passage des rapports. Sans atteindre la vitesse d’une PDK de chez Porsche, la boîte S tronic s’en sort avec les honneurs. Dommage qu’il manque le petit crépitement que nous avions à l’époque au niveau de l’échappement à chaque passage de rapport.
De son côté, la transmission a le droit à un peu d’Audi RS 3. Celle-ci reçoit le différentiel arrière à embrayage multidisque contrôlé électroniquement. Derrière ce charabia se cache un système qui permet de répartir jusqu’à 100 % du couple envoyé sur l’essieu arrière sur une seule roue.
Essai Audi S3 Sportback restylée : sur la route
Mais sur la route, comment est-ce que cela se traduit ? Le quatre cylindres, nous le connaissons bien et il affiche toujours une santé de fer avec de belles mises en vitesse, le tout agrémenté d’une sonorité plutôt agréable grâce à l’échappement en titane. Pas de quoi se relever la nuit pour un échappement Akrapovic, mais par les temps qui courent, c’est plutôt plaisant.
Outre son moteur, c’est plutôt la partie châssis qui a évolué. Si l’Audi S3 a longtemps été rangée dans la catégorie « voiture de ligne droite », la nouvelle RS 3 a remis les choses à plat. La deuxième phase hérite de quelques-unes de ses technologies et la voiture est tout de suite un peu plus vivante et agile. Plus réactive en sortie de courbe, elle accroche avec vigueur la corde. Pour les plus téméraires, Audi a même ajouté un sixième mode de conduite baptisé « Dyanmic Plus » où l’ESP passe en mode Sport (toujours pas totalement déconnecté, mais plus permissif), tandis que le temps de réponse à l’accélération est réduit et la cartographie de la boîte de vitesses est adaptée. En revanche, le mode Drift restera l’exclusivité de l’Audi RS 3 et de la Volkswagen Golf R 20 years.
La synthèse entre le dynamisme et le confort est une fois de plus excellente pour une voiture vendue comme sportive. L’Audi S3 est dotée d’un châssis abaissé de 15 mm par rapport à celui d’une A3 de base, tandis que cette deuxième phase gagne les suspensions sport de série. Il faudra en revanche toujours aller chercher du côté des options pour un amortissement piloté permettant de mieux gérer les mouvements de caisse sur les pifs-pafs et les appuis un peu vigoureux en entrée de courbe sur les freins.
Globalement, cette Audi S3 restylée est plus amusante à conduire que la première phase et les modifications apportées en font une meilleure compacte sportive. Les ingénieurs ont apporté aussi quelques changements sur la triangulation afin d’augmenter le carrossage des roues, de quoi rendre la direction plus directe. Fini aussi le temps où les freins avaient la fâcheuse tendance à blanchir sur les Audi Sport, les disques ventilés et percés sont maintenant plus grands et plus épais à l’avant. Ils sont, en plus de ça, maintenant mordus par de nouveaux étriers à deux pistons. De quoi l’emmener tambour battant sur des petits cols de montagne sans craindre de perdre les freins en descente !
Essai Audi S3 Sportback restylée : en bref
Un sans-faute pour l’Audi S3 millésime 2024 ? Quasiment. Cette nouvelle version est sans doute la meilleure S3 de l’histoire, sans trop de problèmes, et elle est même bien meilleure que certaines RS 3, notamment la précédente génération, fantastique grâce à son cinq cylindres, mais beaucoup moins lorsqu’il fallait tourner et freiner fort (quand vous n’aviez pas choisi les freins céramiques en option).
La S3 profite des améliorations de la RS 3 et c’est une excellente nouvelle, car elle est aujourd’hui l’une des meilleures compactes sportives du marché, si ce n’est la meilleure. Jamais une S3 n’avait été aussi agile et permissive. Elle perd en revanche quelques points sur l’autel du confort en raison de sa suspension sport désormais de série, mais le gain en matière de dynamisme est substantiel et justifie ce choix.
Aussi bien disponible en Sportback (cinq portes) qu’en berline, la nouvelle S3 débute à 63 000 euros pour la première et 63 590 euros pour la seconde. C’est plus cher qu’une Audi RS 3 de 367 ch vendue il y a environ 10 ans. Celle-ci commençait, pour rappel, à 57 900 euros, le tout avec un malus contenu de seulement 4 000 euros. Certes, elle n’était pas aussi réussie que la nouvelle RS 3, et même que notre S3 d’essai, mais elle faisait profiter à son conducteur d’un moteur mélodieux et vigoureux avec son cinq cylindres 2,5 litres TFSI.
Aujourd’hui, une RS 3 s’échange au minimum contre 75 600 euros, sans compter l’indigeste malus de 60 000 euros. 135 600 euros dans une RS 3 sans option ? Il faut être fou, mais on se demande s’il ne faut pas être plus fou pour dépenser 114 912 euros pour une S3 (toujours sans option). Car oui, avec le barème 2024, la S3 prend un sérieux coup de pelle à ce niveau. Avec 192 g/km de CO2, elle passe d’un malus de 16 149 euros en 2023, à 51 912 euros cette année ! C’est absolument démentiel, et aussi bien la voiture soit-elle, elle est désormais quasiment invendable. Merci qui ?
Essai Audi S3 Sportback restylée – 2.0 TFSI 333 S tronic 7 : Fiche Technique
- Moteur : Essence TFSI, 4 cylindres en ligne à 16 soupapes, 1 984 cm³, injection directe
- Suralimentation : Turbo
- Puissance : 333 ch DIN (245 kW) à 5 600 tr/min
- Puissance fiscale : 20 CV
- Couple maxi : 420 Nm de 2 100 à 5 500 tr/min
- 0 à 100 km/h : 4,7 secondes
- Vitesse maxi : 250 km/h
- Transmission : Intégrale quattro
- Boîte de vitesses : Robotisée S tronic à 7 rapports
- Pneus : 235/35 R19 (AV) – 235/35 R19 (AR)
- Freins : 4 freins à disque dont 2 ventilés
- Longueur : 4 350 mm
- Largeur : 1 820 mm
- Hauteur : 1 440 mm
- Empattement : 2 630 mm
- Diamètre de braquage : 11,1 mètres
- Volume du coffre : de 325 à 1 145 litres
- Poids à vide : 1 610 kg
- Consommation Mixte : 8,4 l/100 km
- Capacité Réservoir : 55 litres
- Emissions de CO2 : 192 g/km (malus 51 912 €)
- Norme antipollution : Euro 6e
- Année de lancement : 2024
- Prix de base : 63 000 €
- Prix du modèle essayé : 74 370 €
Photos : essai Audi S3 Sportback restylée (2024)
Photos : Yann Lethuillier pour French Driver