Toyota n’oublie pas ses gênes pour la compétition automobile et conserve quelques modèles sportifs pour le plus grand bonheur des passionnés de la marque. Découvrez sur French Driver notre essai de la nouvelle Toyota GR Yaris !
L’objectif est le plaisir de conduite à l’ancienne sans tomber dans tout l’attirail technologique, apportant de l’efficacité mais pas forcément plus de plaisir à son conducteur.
En 2018, la petite Yaris GRMN arrivait très énervée avec son 1,8 litre à compresseur de 212 chevaux, et donnait une petite bombinette amusante à conduire dans l’esprit des GTI d’antan. Produite dans l’usine de Valenciennes à seulement 400 exemplaires, dont 20 pour le France, elle a facilement trouvé preneur. Bis repetita, la Yaris de 4ème génération est à peine sortie, que Toyota veut marquer les esprits avec une GR Yaris, « GR » comme Gazoo Racing.
Dédiée à la performance pure, la nouvelle GR Yaris est née de l’expérience et du palmarès acquis par Toyota en Championnat du Monde des Rallyes. Inspirée de la course, elle transpose les technologies et le design du sport automobile au monde des voitures de tourisme, conformément aux principes de Toyota Gazoo Racing : construire des voitures toujours plus performantes, riches en sensations et agréables à conduire. Bien qu’appartenant à la famille Yaris, elle n’en reprend, pour ainsi dire, aucun élément et elle est assemblée à Motomashi au Japon, plutôt qu’à Valenciennes.
Essai Toyota GR Yaris : premières impressions
La Toyota GR Yaris semble s’être bourrée d’amphétamines, pour passer quelques heures à la salle de musculation et acquérir cette carrure de culturiste.
La GR Yaris reçoit une nouvelle plateforme spéciale qui combine le train avant de la plateforme GA-B Toyota de la Yaris IV et le train arrière de la plateforme GA-C, pour permettre une nouvelle conception de suspensions et l’adoption du système GR-FOUR à 4 roues motrices. Sur un empattement inchangé par rapport à la version à 5 portes, la GR Yaris est 5,5 cm plus longue, 6 cm plus large et 4,5 cm plus basse.
Au sein de la gamme Yaris IV, la nouvelle GR se distingue par une carrosserie trois portes et un toit abaissé de 91 mm, qui lui donnent une silhouette de coupé, accentuée par les portes dépourvues de cadre. À l’avant, le dessin de la calandre et le spoiler traduisent l’authenticité du caractère « GR », tandis qu’à l’arrière, la largeur de voie et les ailes musclées accueillent des jantes alliage de 18 pouces. La carrosserie est faite de matériaux légers, tels que l’aluminium et le polymère renforcé de fibre de carbone, d’où un rapport poids/puissance intéressant de 4,9 kg/ch.
Bien qu’elle ait le physique d’une Yaris, cette GR Yaris ne partage que trois éléments extérieurs avec la version standard : les optiques, les rétroviseurs et l’antenne requin. Le toit est en carbone moulé pour un gain de poids de 3,5 kg, et son dessin plus tombant réduit la traînée et dégage le becquet arrière.
La petite boule de nerfs en impose, et difficile de passer inaperçu, surtout avec cette teinte rouge intense. Vous n’aurez de toute façon pas beaucoup le choix des couleurs, puisque le noir et le blanc sont les seules autres possibilités.
Notre modèle est la version Pack Track, qui propose de série ces magnifiques jantes en aluminium forgé, qui laissent entrer beaucoup d’air sur les énormes disques rainurés, comme sur les voitures de course.
Essai Toyota GR Yaris : vie à bord
L’intérieur reste assez classique mais affiche son caractère sportif avec des portes sans cadres siglées GR, de magnifiques sièges baquets en ultrasuede (simili daim), un levier de vitesse à rapports courts, un pédalier en aluminium et un petit volant en cuir badgé GR. Pour le reste, noir, c’est noir!
Les compteurs, différents de ceux des Yaris 4, sont un peu tristounets et rappellent les années 90, mais un petit écran numérique en leur centre permet d’afficher des informations intéressantes comme la répartition du couple aux roues ou la pression du turbo, en plus des classiques données de conduite.
C’est propre et bien fini, sans extravagance. L’écran tactile vient compléter le tout, et une petite plaque est apposée sur la console centrale pour vous rappeler que cette auto est développée pour le WRC, même si Toyota a finalement conservé la base de la Yaris 3ème génération pour la version 2021, en raison de la crise qui a poussé à revoir les priorités.
Les sièges enveloppants avec surpiqûres rouges sont non seulement très beaux, mais aussi confortables, et on se sent bien faire corps avec la machine. Pour les places arrière, il est possible d’emporter 2 personnes de plus, mais la capacité réduite du coffre, qui reçoit la batterie dans son double fond, limite son volume à 174 litres.
Essai Toyota GR Yaris : sur la route
Démarrage du 3 pattes et rien de spectaculaire, le son est assez feutré et beaucoup moins rauque que sa grande sœur Yaris GRMN qui nous accompagne pour cet essai. Une fois de plus, le filtre à particules étouffe les vocalises, mais pour quitter la région parisienne, la douceur de fonctionnement est appréciable. Les suspensions absorbent bien le revêtement urbain et la bonne garde au sol n’entraîne aucun stress au passage des casse vitesses. Elle n’est, cependant, pas l’outil idéal pour les courses en ville, car la rétrovision est très mauvaise. Heureusement, la caméra de recul est de série.
Le nouveau moteur de la GR Yaris est un trois cylindres à turbocompresseur, dont les technologies sont issues du sport automobile, telles que le refroidissement des pistons par des gicleurs d’huile, les soupapes d’échappement de grand diamètre ou encore les conduits d’admission partiellement usinés. Pour 1 618 cm3 de cylindrée, il développe une puissance maximale de 261 chevaux et un couple de 360 Nm de 3.000 tr/min à 4.600 tr/min.
En revanche, le moteur est très creux à bas régime. Il ne fallait pas en attendre plus, avec la faible cylindrée du 3 cylindres et son couple qui déboule à 3.000 tr/min, autant dire qu’il ne faut pas envisager de passer les ronds points en 3ème, au risque de faire brouter le moteur et générer quelques vibrations désagréables. Mais comme le maniement de la boîte de vitesse reste agréable, on ne boude pas son plaisir de changer les rapports.
Toyota a, sûrement, volontairement typé ce moteur à l’ancienne, avec un afflux de couple soudain aux alentours des 2.500-3.000 tr/min. Et là, ça déboule fort, avec un petit côté ON/OFF à la mode Lancia Delta Integrale HF, et une aiguille qui part jusqu’à 7.200 tr/min sans rupture pour délivrer ses 261 chevaux. Ca pousse fort, et la sonorité typique du 3 cylindres est vraiment sympathique.
Ce n’est pas anecdotique de dire que ça sonne comme un demi Flat 6 Porsche, car on identifie des grondements assez similaires, mais Toyota triche en mode Track avec un générateur de son. La sonorité est très supportable sur autoroute, malgré les rapports de boîte assez courts. La vitesse maxi limitée vient buter à 230 km/h au régime de 5.900 tr/min, par une rupture soudaine. Elle accepterait volontiers d’accrocher les 250 km/h, aussi bien niveau châssis que moteur, mais ce n’est pas le but recherché sur une voiture destinée à s’amuser sur des parcours sinueux. On reprochera tout de même au moteur quelques phases vibratoires assez désagréables aux alentours des 3 100 tr/min, qui génèrent quelques vibrations de mobilier.
Alors que la suspension arrière de la Yaris IV standard est un essieu de torsion, la GR opte pour une double triangulation, où chaque élément a été optimisé au bénéfice des performances. La suspension avant est confiée à des jambes de force MacPherson. On peut dire que le résultat est concluant. Beaucoup moins cassante que la GRMN, la GR absorbe bien tous les revêtements et on se régale vraiment dès que la route commence à tourner. Elle vire bien à plat avec une petite tendance au sous virage en mode normal.
La transmission bénéficie d’un différentiel Torsen à glissement limité pour modifier la répartition du couple sur les essieux. En mode normal, le système envoie 60 % du couple vers l’essieu avant et 40 % vers l’arrière. La répartition évolue à 50/50 en mode Track, puis à 30/70 en mode Sport grâce à un rapport de pont plus long à l’arrière qui reçoit alors davantage de couple. En option dans le Pack Track, deux différentiels Torsen à glissement limité gèrent l’attribution entre les roues gauche et droite, pour assurer un contrôle naturel et direct de la voiture. On peut ainsi modifier le comportement en fonction de l’espace disponible, mais nous avons plutôt conservé le mode Track sur les routes humides et glissantes.
La position plus reculée du moteur 1,6 litre turbo et l’installation de la batterie dans le coffre favorisent l’équilibre du châssis, au profit de la maniabilité et de la tenue de route. Toyota a travaillé sur le rapport poids/puissance, en limitant le poids de la GR à 1.280 kg. Dans l’absolu, cela ne semble pas léger pour une citadine, mais pour une puissance de 261 chevaux et 4 roues motrices, ce rapport est meilleur que sur une Mégane RS trophy qui ne propose que 2 roues motrices. La version Track est équipée des pneus Michelin Pilot Sport 4S, qui offrent un des meilleurs compromis entre sportivité sur le sec et bonne efficacité sur le mouillé.
Le système de freinage est très impressionnant, visuellement et lors de son utilisation. Il comprend de grands disques avant rainurés de 356 mm pincés par des étriers à quatre pistons, conçus pour supporter l’échauffement élevé produit par la conduite sur circuit ou en rallye. La consistance à la pédale est dense et facile à doser. Le système semble inépuisable.
Pour les passages à la pompe, le 3 cylindres est petit mais gourmand, et il faudra tabler sur un minimum de 8,5 l/100 km, et jusqu’à 12 l/100 km. Mais bon, vous croyez que Sébastien Ogier regarde la consommation de sa Yaris ?
Essai Toyota GR Yaris : budget
Il faut distinguer 2 finitions pour la GR Yaris :
La finition Pack Premium à 35 600 €, avec les équipements spécifiques suivants :
- Système de navigation
- Affichage tête haute
- Avertisseur d’angles morts et de circulation arrière
- Système audio JBL à 8 haut-parleurs
- Radars de stationnement avant et arrière
- Éclairage d’ambiance intérieur
- Pneus Dunlop SP Sport Maxx 50
La finition Track à 37 600 €, équipée de :
- Jantes alliage 18" forgées
- Différentiel Torsen à glissement limité
- Suspensions GR circuit
- Étriers de freins rouges
- Pneus Michelin Pilot Sport 4S
Le choix est difficile, mais le pack Track semble plus adapté à la vocation de cette GR, plus à l’aise en mode attaque que pour trimballer la famille le week-end. Ensuite, il reste la peinture métallisée en option, à 750 €.
Bien que le prix approche celui des compactes de 300 chevaux, il reste assez cohérent au vu de la technologie et du plaisir de conduite. Le malus écologique de 7.851 € en 2021 plombe un peu la facture, et la rapproche des compactes moins malussées. La boîte mécanique 6 vitesses et les 4 roues motrices pénalisent la consommation.
Essai Toyota GR Yaris : en bref
Expérimentée dans la discipline, l’équipe de designers et d’ingénieurs de Tommi Mäkinen Racing a optimisé l’aérodynamique, la répartition des masses et la légèreté de la GR Yaris. Ce sont des qualités essentielles à la conception d’une automobile sportive.
Malgré ses petits défauts, la GR Yaris est ce genre d’auto attachante. Sans tomber dans la démesure, elle apporte de la fraîcheur et un plaisir de conduite sans fioritures, comme au bon temps des Lancia Delta HF intégrale.
Incroyablement efficace avec son petit moteur turbo, sa transmission intégrale et sa garde au sol relativement importante, elle s’amuse des petites routes en virevoltant d’un virage à l’autre et en donnant le sourire à son conducteur, sans oublier de soigner un bon confort relatif.
Le budget d’achat, sans être démesuré, est pénalisé par le malus car le petit 3 cylindres est gourmand, en raison de sa boîte manuelle aux 6 rapports assez courts et sa transmission intégrale.
Mais si vous êtes fan de rallye et de conduite sur petites routes, vous aurez avec cette Yaris un petit morceau de WRC dans les mains. Alors n’hésitez plus, vous ne le regretterez pas, d’autant plus que les diamants sont éternels, mais pas les moteurs thermiques, alors foncez…
Toyota GR Yaris 1.6 T 261 BVM6 : Fiche Technique
- Moteur : Essence, 3 cylindres à 12 soupapes, 1 618 cm³, injection directe
- Suralimentation : Turbo
- Puissance : 261 ch DIN (192 kW) à 6 500 tr/min
- Puissance fiscale : 15 CV
- Couple moteur : 360 Nm de 3 000 à 4 600 tr/min
- 0 à 100 km/h : 5,5 secondes
- 0 à 200 km/h : 22,1 secondes
- 1000 m DA : 24,8 sec
- Vitesse maxi : 230 km/h (limitée)
- Reprise 80-120 km/h : 3,0 sec (en 3ème) – 7,8 sec (en 6ème)
- Transmission : Transmission intégrale permanente
- Boîte de vitesses : manuelle à 6 rapports
- Pneus : 225/40 R 18
- Freins avant : disques ventilés percés 356 mm, étriers 4 pistons
- Freins arrière : disques 297 mm, étriers 2 pistons
- Suspension avant : Jambes de force McPherson
- Suspension arrière : Double triangulation
- Longueur : 3 995 mm
- Largeur : 1 805 mm
- Hauteur : 1 455 mm
- Empattement : 2 560 mm
- Cx : 0.352
- Diamètre de braquage: 10,8 m
- Volume du coffre : 174 litres
- Poids à vide (DIN) : 1 280 kg
- Poids à vide (UE) : 1 355 kg (conducteur de 68 kg, 7 kg de bagage et 90 % du réservoir)
- Consommation Mixte : 8,2 l/100 km (WLTP)
- Capacité réservoir : 50 litres
- Emissions de CO2 WLTP : 186 g/km
- Malus écologique 2021 : 7 851 €
- Année de lancement : 2020
- Prix de base : 35 600 € / 37 600 € avec Track Pack
- Prix du modèle essayé : 38 350 €
Photos : essai de la Toyota GR Yaris (2021)
Photos : Marius Hanin pour French Driver