Bien qu’auréolée d’un beau succès, Alpine ne s’endort pas sur ses lauriers et propose une version plus rigoureuse de l’A110 : l’Alpine A110 S vient désormais enrichir la gamme, avec des modifications subtiles. French Driver a pris le volant, le temps d’un essai, de cette nouvelle évolution…
Lancée en 2017, l’Alpine A110 de nouvelle génération est la digne héritière de son aînée, la légendaire A110 des années 1960, et marque la renaissance de la marque sportive française. Tout d’abord commercialisée en versions Pure et Légende, Alpine ne comptait pas en rester là, et présente aux 24 Heures du Mans 2019 une toute nouvelle déclinaison.
Soucieuse de satisfaire une clientèle plus exigeante et dans l’optique de faire évoluer sa berlinette, la marque Alpine fait doucement évoluer la nouvelle A110 avec cette version S, en poussant la puissance du moteur à 292 chevaux, et en raffermissant le châssis.
Avec l’Alpine A110 S, le constructeur sportif français répond ainsi à une clientèle plus axée sur la performance que la polyvalence offerte par les modèles précédents.
Essai Alpine A110 S : premières impressions
Esthétiquement, il est difficile pour le néophyte de différencier les versions Pure et Légende de la S. De nouvelles touches extérieures telles que le drapeau en fibre de carbone et orange sur les montants arrière, le lettrage Alpine en chrome noir, les étriers de freins orange et les jantes « GT Race » sont spécifiques au modèle.
Sa hauteur de caisse abaissée de 4 mm, et une peinture gris Tonnerre mate (en option, exclusive à l’A110 S) qu’Alpine se fera un plaisir de vous facturer 4 800 €, affirment l’identité de l’A110 S. Mais c’est principalement aux étriers de freins orange et ses jantes gris satiné, qu’il sera facile de la différencier.
Notre modèle d’essai blanc irisé dispose, en option, du toit en fibre de carbone et des jantes forgées Fuchs en gris titane satiné. On tombe toujours sous le charme des lignes de cette Alpine A110. Copie moderne de son ancêtre, elle fait tourner les têtes. Elle offre élégance et sportivité et les petites touches sportives raviront les amoureux du détail.
Essai Alpine A110 S : vie à bord
Dans l’habitacle, les coutures oranges remplacent le bleu caractéristique des autres versions de l’Alpine A110. L’utilisation de Dinamica noir pour le ciel de toit, les pare-soleils et les panneaux de porte soulignent la personnalité de la nouvelle version. Les sièges Sabelt, qui ne pèsent que 13,1 kg, sont également garnis de Dinamica.
Le volant est gainé de cuir et de Dinamica avec un point zéro et des surpiqûres orange. Les pédales et les repose-pieds sont en aluminium, et les drapeaux en fibre de carbone et orange –identiques à ceux présents sur la carrosserie– apportent la touche finale à l’habitacle.
Les sièges sont très agréables et offrent bon confort et maintien. On y trouve rapidement la bonne position de conduite pour faire corps avec la machine. La finition est très bonne sans atteindre les standards allemands de chez Porsche, et seules quelques petites touches plastiques dénotent un peu, en particulier le commodo de commande de la radio.
Le cockpit digital dispose toujours de trois modes de présentation, associés au mode de conduite (Normal, Sport, Track). Le basculement se fait au volant par une simple impulsion sur le bouton « Sport » ou un appui prolongé pour basculer en mode Track.
Globalement, il n’y a pas de gros changement à l’intérieur, si ce n’est décoratif, par rapport à une version Pure. L’Alpine Telemetrics est maintenant fourni de série, et permet de visualiser tous les paramètres moteur.
La capacité de chargement des petits coffres (d’une capacité de 100 et 96 litres) est inchangée, et demande toujours de bien calibrer la taille de vos bagages, d’autant plus que l’espace intérieur n’offre pas d’espace de rangement.
Essai Alpine A110 S : sur la route
C’est, bien sûr, à ce tournant que nous l’attendons. La question légitime de tout acheteur : vaut-elle le coût par rapport aux modèles Pure et Légende ? Avant d’y répondre, il faut commencer par étudier sa fiche technique.
Tout d’abord, le moteur est toujours le même bloc 4 cylindres 1,8 litre Turbo, mais avec une puissance du moteur augmentée de 40 chevaux par rapport aux versions existantes de l’A110, par augmentation de la pression de suralimentation du turbocompresseur de 0,4 bar.
La puissance maximale de 292 chevaux arrive à 6 400 tr/min, soit quelque 400 tr/min au-dessus de la plage de puissance maximale des autres versions de l’A110. Le couple de 320 Nm est disponible de 2 000 à 6 400 tr/min, soit 1 400 tr/min plus haut que sur le moteur de 252 chevaux. Le moteur de l’A110S est plus puissant, mais malheureusement, la boîte limite toujours le couple à 320 Nm.
Concrètement, il est difficile de sentir une grosse différence au niveau des sensations moteur jusqu’à 6 000 tr/min. Le 0 à 100 km/h gagne 1 dixième, en 4,4 secondes, et le 1000 mètres départ arrêté est annoncé en 22,8 secondes (contre 23,2 secondes). Pour 40 chevaux, l’écart de ressenti n’est pas énorme, mais il faut rappeler que les versions 252 chevaux sont assez généreuses en puissance sur les bancs. Dans les tours, on bénéficie par contre d’un peu plus d’allonge, et le rupteur coupe à 6 850 tr/min. La S monte rapidement dans les tours, et un petit signal sonore vous indique qu’il est temps de changer de rapport lorsque vous avez choisi le mode manuel de la boîte.
Si vous le respectez, l’accélération sera optimum et vous évitera de venir buter sur le rupteur. Comme tous les moteurs turbo de petite cylindrée, il y a toujours un petit lag du turbo lorsque l’on part des bas régimes. La puissance est toujours envoyée aux roues arrière via une boîte Getrag à double embrayage humide de sept rapports. Le système de différentiel électronique agit sur les freins. Elle donne parfois un petit temps de latence pour aller chercher le rapport inférieur lorsque l’on change brutalement de rythme.
Dans les 2 premiers modes, on ne sent pas trop travailler le différentiel et le couple passe facilement au sol. En mode Track, les réactions sont parfois plus piégeuses, avec des amorces de survirage lorsque le couple déboule. Les décrochements du train arrière sont soudains et progressifs, même sans mettre trop de gaz. La direction réactive permet de recadrer la trajectoire, mais il faudra rester vigilant si vous souhaitez tout déconnecter. C’est aussi ce qui fait partie du charme d’une automobile à vocation sportive.
La plus grosse évolution vient du châssis, avec de nouveaux ressorts hélicoïdaux plus raides de 50 %, et les amortisseurs ont été réglés en conséquence. Les barres anti-roulis –creuses pour minimiser le poids– sont plus fermes de 100 %. Dès les premiers tours de roues, les modifications sont immédiatement perceptibles. Elle est plus raide, moins confortable, mais beaucoup mieux tenue et plus vive dans ses réactions : on ressent mieux la direction et les mouvements de la caisse. Elle apporte ce surcroît de rigidité que certains reprochaient aux premières versions.
L’utilisateur uniquement routier pourra se satisfaire d’une version A110, mais pour les pistards qui souhaitent aller déloger les conducteurs de Porsche, l’Alpine A110 S se montre plus gratifiante, et la marge de progression est importante. Les montes pneumatiques sont aussi majorées de 10 mm pour atteindre 215 à l’avant et 245 à l’arrière, sur les très bons Michelin Pilot Sport 4. Toutes ces modifications font monter le poids modérément à 1 114 kg. Toutefois, avec les jantes Fuchs (-7 kg) et le toit en carbone (-2,8 kg) qui équipent notre modèle d’essai, on retombe à 1 104 kg. Malgré le durcissement des amortisseurs, le confort est tout à fait correct et les longs parcours peuvent être envisagés sans prévoir de séance chez l’ostéopathe.
En partant de Deauville, nous profitons d’un passage sur le site de EIA à Pont l’Evêque, pour tester cette version ailleurs que sur route ouverte. Je ne peux que conseiller aux passionnés d’y faire un détour, le site est dans un cadre somptueux et différentes activités comme le Karting, le quad ou différents cours de pilotage y sont proposés, avec entre autres (Caterham, Lotus, Porsche), une Alpine A110 bleue. C’est, en même temps, l’occasion de discuter avec des passionnés d’automobiles.
Alors, comme on nous propose gentiment de faire quelque tours sur la piste, il serait malvenu de refuser. La petite A 110 S est vraiment à son aise sur ce petit tracé, les freins sont puissants et efficaces, et elle s’arrête très court. Elle reste assez neutre en mode Sport, avec un peu de sous virage au point de corde pour reprendre un peu de survirage en sortie à l’accélération, et l’équilibre est très sain. Il faudra aller sur le mode Track pour jouer du déhanché. L’échappement sport et les disques de frein bi-matière de 320 mm sont disponibles de série sur l’A110S.
L’Alpine A110 S gagne en efficacité et en stabilité, et cette version a été optimisée pour une rigueur accrue. Le toucher de route est beaucoup plus agréable que sur les premières versions. Il y a vraiment de quoi se faire plaisir. Niveau sonore, le turbo est plus présent avec ses petits sifflements caractéristiques et la waste gate se fait un peu plus entendre. Les petits crépitements au lever de pied à l’échappement sont toujours de mise.
Lors de notre essai de cette Alpine A110 S, la consommation minimum s’établit à 9,5 litres aux 100 km, en roulant raisonnablement. Mais elle grimpe assez vite aux alentours des 15 l/100 km en conduite rapide.
Essai Alpine A110 S : budget
La version S s’affiche à 66 500 €, contre 55 800 € pour la Pure.
L’écart de prix parait conséquent, mais il faut le pondérer de l’équipement bien fourni de la version S. Cette dernière propose de série : l’échappement sport, les freins bi-matières en 320 mm, les jantes de 18 pouces, l’Alpine Telemetrics, le ciel de toit en Dinamica, le pédalier et le repose pieds passager en aluminium, le logo Alpine sur les ailes, le système audio Focal, l’aide au stationnement avant/arrière, ainsi que les étriers de freins colorés.
Tous ces équipements correspondent à un avantage client de 6 300 €. L’écart de prix, à équipements équivalents, n’est plus que de 4 400 €. Pour 40 chevaux de plus, un châssis sport amélioré et une monte pneumatique majorée, le surcoût devient raisonnable.
La liste des options permet encore d’améliorer la configuration et d’aller gagner (ou de perdre) quelques kilos :
- Jantes Fuchs : 1 800 €
- Peinture métallisée : 1 800 €, 4 800 € (Gris Tonnerre mat)
- Toit en carbone finition brillante : 2 400 €
- Aide au stationnement avec caméra de recul : 450 €
- Rétroviseurs chauffants rabattables : 504 €
- Système audio Focal Premium : 600 €
- Tapis de sol avec logo Alpine : 120 €
… sans oublier toute une liste d’accessoires qui comprend notamment l’alarme, les tapis et filet de coffre, ou encore pour les plus soigneux, une housse de protection signée Alpine.
Notre version d’essai s’affiche ainsi à 72 300 €, sans compter les frais d’immatriculation. Avec un taux mixte de 146 g de CO2/km, l’écotaxe est de 2 918 € jusqu’au 1er mars 2020. Après le 1er mars, le cycle WLTP sera appliqué, avec un taux CO2 de 168 g qui fera redescendre ce malus à 1 901 €… Je ne sais pas si tout le monde a compris, mais oui, nos politiques regorgent d’ingéniosité pour nous pondre une usine à gaz qui va pénaliser les ventes du premier trimestre 2020.
Essai Alpine A110 S : en bref
L’Alpine A110 S renforce sa position sur le marché de la petite sportive, en misant toujours sur la recette allégée. L’optimisation du moteur et de son châssis lui permettent ainsi d’aller chercher les chronos sur circuit, et de taquiner une Porsche Cayman S.
Bien que le gain en termes de puissance ne soit pas flagrant, le plaisir de conduite est amplifié par une meilleure rigidité et efficacité. Elle offre toujours une belle polyvalence sur route, plus de rigueur dans son comportement et une direction plus précise.
Le budget augmente avec un équipement en nette progression, incluant les freins bi-matières et l’échappement sport. Face à une concurrence pas vraiment moins chère, elle offre une belle prestation au regard de son prix. Profitez-en, elle n’est pas encore trop malussée.
Essai Alpine A110 S : Fiche Technique
- Moteur : Essence TCe, 4 cylindres en ligne à 16 soupapes, 1 798 cm³, injection directe
- Position : Centrale
- Suralimentation : Turbo
- Puissance : 292 ch DIN (215 kW) à 6 400 tr/min
- Puissance fiscale : 18 CV
- Couple moteur : 320 Nm de 2 000 à 6 400 tr/min
- 0 à 100 km/h : 4,4 secondes
- Vitesse maxi : 260 km/h
- 1000 m DA : 22,8 secondes
- Transmission : Propulsion
- Boîte de vitesses : Double embrayage Getrag à 7 rapports
- Pneus : 215/40 R18 et 245/40 R18
- Freins : 4 freins à disque de 320 mm
- Suspensions avant et arrière : double triangulation
- Longueur : 4 180 mm
- Largeur : 1 798 / 1 980 mm
- Hauteur : 1 248 mm
- Empattement : 2 420 mm
- Diamètre de braquage : 11,64 mètres
- Volume de coffre : 100 + 96 litres
- Poids à vide : 1 114 kg
- Cx : 0.32
- Consommation Urbaine : 8,8 l/100 km
- Consommation Extra-Urbaine : 5,2 l/100 km
- Consommation Mixte : 6,5 l/100 km
- Capacité Réservoir : 45 litres
- Consommation Mesurée : 11 l/100 km
- Emissions de CO2 : 146 g/km (malus : +2 918 € jusqu’au 1er mars 2020, puis +1 901 € après)
- Norme antipollution : Euro 6d-TEMP
- Garantie : 36 mois
- Année de lancement : 2019
- Prix de base : 66 500 €
- Prix du modèle essayé : 72 278 €
Photos : essai de l’Alpine A110 S (2020)
Photos : Marius Hanin pour French Driver
Merci à Jean-Bernard du Centre Alpine Deauville pour le prêt du véhicule, et au centre EIA (Espace International Automobile) de Pont l’Evêque pour son accueil.